On a tellement envie de le / la voir marcher, que l’on souhaite l’aider par tous les moyens pour aller plus vite !
Le trotteur ou youpala ont encore la vie belle dans les familles et chez les assistantes maternelles. A première vue, on pense bien faire et proposer à l’enfant un outil pour qu’il s’amuse et se déplace !
Pourtant, il est interdit pour cause de graves blessures en crèche et dans de nombreux pays de l’Union Européenne, également au Québec où de lourdes amendes sont prévues.
Le trotteur ne rend pas autonome, bien au contraire ! L’enfant y est installé par un adulte, ce qui le rend dépendant de l’adulte. Cela le renvoie aussi à son incompétence - il a besoin de l’adulte - et dégrade donc sa confiance en lui. Il ne peut pas se sortir du trotteur sans l’intervention de l’adulte. Il peut alors montrer des signes de frustration, voire même de colère.
Le corps du tout petit n’est pas prêt à se tenir debout d’un point de vue musculaire, articulaire et au niveau de la maîtrise du centre de gravité.
La position proposée par le trotteur n’est pas naturel. L’enfant est assis, les hanches en extension, souvent sur la pointe des pieds et se laisse entrainer vers l'avant. C’est pourquoi, la posture des enfants utilisant le trotteur est particulière : jambes souvent arquées, marche sur la pointe des pieds et n’ayant pas de maîtrise du centre de gravité, une tendance à se laisser tomber vers l’avant - une difficulté à gérer la vitesse.
S’il n’est pas passé par les étapes importantes du rampé, du quatre pattes, de la position assise…, c’est qu’il n’est pas prêt à “se verticaliser” autrement dit, se mettre debout.
Placé très tôt, l’enfant à la possibilité d’atteindre des objets dangereux dans le salon, la cuisine, qui ne seraient pas à sa portée sans le trotteur.
Il pourrait aussi être tenté de descendre l’escalier sans évaluer le danger.
Le trotteur offre une mauvaise représentation pour l’enfant de la notion de distances.
L'enfant a donc du mal à situer son corps dans l’espace puisqu’il est entouré d’un objet qui le suit dans ses déplacements.
Il n'aura pas le réflexe de mettre ses mains en avant pour estimer la distance du mur par exemple.
Passer par toutes les étapes du développement, c’est aussi apprendre à tomber. Tomber, d’abord à faible hauteur - à 4 pattes - puis à genoux et debout, c’est donc exercer ses réflexes (mettre les mains vers l'avant, protéger sa tête).
En résumé, si vous avez déjà utilisé le trotteur pour vos enfants, ne culpabilisez surtout pas, dîtes-vous que vous serez mieux armés pour l’arrivée d’un deuxième ou troisième ! Et parlez-en autour de vous...